Un livre comme phare dans le brouillard de la crise environnementale

Un livre comme phare dans le brouillard de la crise environnementale

Dans le monde de la littérature environnementale, il y a des œuvres qui transcendent les limites de leurs genres pour offrir une perspective nouvelle et inspirante sur notre relation avec la nature. « Tresser les herbes sacrées : sagesse ancestrale, science et enseignements des plantes » de Robin Wall Kimmerer est l’une de ces œuvres. Ce livre, publié en 2013, invite les lecteurs à une exploration magistrale de la sagesse autochtone, de la connaissance scientifique et des enseignements profonds que les plantes peuvent nous offrir.

Cet ouvrage m’est tout de suite venu en tête en prenant connaissance du rapport récent « Interconnected Disaster Risks Report 2023 » de l’Université des Nations Unies - Institut pour l’environnement et la sécurité humaine (UNU-EHS).

Le rapport identifie six points de bascule critiques qui posent de graves risques à la fois pour les systèmes écologiques et l’humanité. En l’absence de mesures innovantes adéquates pour faire face à la double crise des changements climatiques et de l’effondrement de la biodiversité, des transformations profondes, potentiellement irréversibles, se dessinent pour l’avenir.

En entrevue à Radio-Canada, le Dr Jack O’Connor, auteur principal du rapport, estime que notre approche doit être celle « de ne faire qu’un avec la nature » afin de maintenir les conditions nécessaires au maintien de la vie sur Terre.

Et c’est précisément ce à quoi Robin Wall Kimmerer nous invite dans son livre.

 

À la rencontre de l’auteure

Robin Wall Kimmerer est une auteure, botaniste et membre de la nation Potawatomi. Son héritage autochtone imprègne profondément son travail, à la fois en tant que scientifique et en tant qu’écrivaine. Elle apporte une perspective unique à la manière dont nous interagissons avec la nature, en puisant dans la sagesse de ses ancêtres et en l’entrelaçant avec les découvertes scientifiques contemporaines.

Le titre du livre, « Tresser les herbes sacrées », fait référence à la pratique ancestrale du tressage du foin d’odeur (Hierochloe odorata) et symbolise la manière dont l’auteure tisse les fils de la tradition autochtone et de la science occidentale pour former un récit cohérent et puissant.

La relation entre l’humain et la nature

Un thème central du livre est la relation entre l’humain et la nature. Kimmerer soutient que notre société moderne a perdu de vue le lien profond et spirituel que nous devrions entretenir avec la terre. Elle souligne comment les peuples autochtones considèrent la terre comme une mère, une entité à laquelle nous devons respect, gratitude et protection. Cette vision contraste fortement avec la manière dont la nature est souvent exploitée dans le monde moderne, où les ressources sont souvent prises sans considération pour les conséquences à long terme.

Les plantes comme enseignants

Kimmerer propose une perspective fascinante sur les plantes en tant qu’enseignantes. Elle explique comment chaque plante a une leçon à nous offrir, que ce soit sur la résilience, l’adaptabilité, la patience ou la générosité.

Outre la perspective spirituelle, Kimmerer est également une scientifique chevronnée. Elle enseigne la botanique et l’écologie, ce qui lui permet d’apporter des éléments de la science à ses réflexions. Elle explique comment les concepts scientifiques peuvent enrichir notre compréhension de la nature et renforcer notre respect pour elle. Par exemple, elle décrit en détail le processus de la photosynthèse, qui est essentiel à la vie des plantes, et comment cela peut être interprété comme un acte de don de la part des plantes envers l’ensemble de la planète.

La récupération des connaissances autochtones

Un aspect important du livre est l’appel de Kimmerer à la revalorisation des connaissances autochtones. Elle soutient que les peuples autochtones possèdent une richesse de savoirs qui peuvent contribuer de manière significative à la préservation de l’environnement. Elle exhorte les lecteurs à écouter et à apprendre de ces voix trop longtemps marginalisées. Elle propose que la coexistence harmonieuse entre l’humain et la nature ne puisse être atteinte que si nous sommes disposés à écouter et à apprendre des peuples autochtones.

« Dons » et « réciprocité »

Kimmerer explore également les concepts de « dons » et de « réciprocité ». Elle explique comment les plantes donnent librement leurs ressources pour soutenir la vie sur Terre, et que les humains devraient répondre à ce don en retour. Elle parle de la nécessité d’une relation réciproque avec la nature, où nous prenons soin d’elle de la même manière qu’elle prend soin de nous. Cette notion de réciprocité est essentielle pour Kimmerer et constitue un fil conducteur tout au long de son ouvrage.

La quête de l’harmonie

L’une des questions centrales que pose Kimmerer est de savoir comment nous, en tant que société, pouvons retrouver l’harmonie avec la nature. Elle suggère que cela commence par une transformation de notre perspective, en reconnaissant que la nature n’est pas une ressource inépuisable à exploiter, mais une entité avec laquelle nous devons coexister de manière équilibrée. Elle propose de jouer un rôle actif dans la préservation de l’environnement, en protégeant la biodiversité et en respectant les enseignements des plantes et des peuples autochtones.

« Tresser les herbes sacrées » est un livre profondément inspirant qui offre une réflexion éclairante sur notre relation avec la nature. Robin Wall Kimmerer tisse habilement la sagesse autochtone et la science occidentale pour créer un récit captivant et instructif.

Son appel à la réciprocité avec la nature et à la préservation de l’environnement résonne puissamment, incitant les lecteurs à repenser leur propre rapport à la nature. En plus de nous inviter à s’engager dans une relation plus respectueuse et harmonieuse avec la nature, « Tresser les herbes sacrées » nous rappelle qu’en fin de compte, nous en faisons partie.


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