Au Québec, les aires protégées se concentrent principalement au nord du 49e parallèle. Pourtant, c'est dans le sud de la province, où les terrains sont majoritairement privés, que se trouve l'essentiel de notre biodiversité1. Que vous disposiez d'un balcon, d'une terrasse ou d'un vaste jardin, vous avez le pouvoir de transformer ces espaces en refuges pour la nature.
Planter des graines de plantes indigènes, c’est offrir une seconde chance à nos écosystèmes. Ces petits gestes simples et accessibles permettent de soutenir les pollinisateurs, enrichir les sols et restaurer les habitats de la faune locale. En unissant nos efforts, nous pouvons faire une véritable différence.
Nous avons donc collectivement un pouvoir insoupçonné d’avoir un impact important sur la régénération de nos écosystèmes et sur l’état de la biodiversité.
Les impacts des semences de plantes indigènes
Des habitats pour la faune locale
Les plantes indigènes servent d'abri, de nourriture et de lieux de reproduction pour la faune locale, comme les oiseaux, les insectes et les mammifères. Elles soutiennent des relations d'interdépendance, comme celle entre l’asclépiade et le papillon monarque. En effet, plus de 90 % des insectes herbivores dépendent de plantes indigènes spécifiques pour se nourrir et se reproduire, tout comme le monarque qui ne pourrait survivre sans la présence de l’asclépiade.
Maintenir les réseaux trophiques2
Les plantes indigènes produisent la majorité des ressources alimentaires pour les insectes herbivores, comme les chenilles, qui transfèrent l'énergie des plantes aux animaux.
14 % des plantes indigènes génèrent 90 % de la nourriture pour chenilles, une espèce clé des réseaux trophiques. Une seule portée de mésanges peut consommer jusqu’à 10 000 chenilles avant de quitter le nid ! Ces chenilles ne sont présentes que si leurs plantes hôtes sont disponibles dans le secteur.
Soutenir les pollinisateurs
De nombreuses abeilles indigènes (entre 15 % et 60 % des espèces) dépendent exclusivement du pollen des plantes indigènes pour nourrir leurs larves.
80 % des plantes et 90 % des angiospermes3 dépendent des pollinisateurs pour leur reproduction.
Renforcer les sols et les cycles naturels
Les plantes indigènes aident à contrôler l'érosion et à maintenir le cycle de l'eau. Elles enrichissent les sols et les stabilisent grâce à leurs systèmes racinaires adaptés.
Limiter les espèces envahissantes
En remplaçant les plantes non indigènes par des espèces locales, les plantes indigènes contribuent à freiner la propagation des espèces exotiques envahissantes qui dégradent les écosystèmes. Malheureusement, plusieurs espèces exotiques envahissantes restent disponibles sous forme de plants ou de semences sur le marché au Québec.
Stocker le carbone et gérer le climat
Les plantes indigènes capturent et stockent le carbone dans leurs tissus et dans le sol, contribuant ainsi à la réduction des gaz à effet de serre.
Créer des havres pour les oiseaux
Les zones avec 70 % ou plus de plantes indigènes soutiennent la survie des populations d'oiseaux, comme les mésanges de Caroline, qui dépendent des insectes nourris par ces plantes.
Transformer des espaces stériles en habitats viables
En plantant des semences indigènes, même en pots sur de petites surfaces comme des balcons ou des terrasses, on peut transformer des espaces stériles en habitats viables.
Impact collectif au Canada
Au Canada, les pelouses résidentielles couvrent une superficie considérable, souvent sous-utilisée du point de vue écologique. Si une partie de ces terrains était réaménagée pour inclure des plantes indigènes, nous pourrions transformer des milliers d'hectares en refuges pour la biodiversité. Remplacer seulement la moitié des pelouses résidentielles canadiennes par des plantes indigènes permettrait de créer un réseau écologique couvrant plusieurs millions d'acres.
Au Québec, où plus de 80 % de la biodiversité est concentrée au sud du 49e parallèle, les terrains privés représentent une opportunité majeure pour restaurer les écosystèmes. Des initiatives locales comme le projet « Partage ta pelouse » ou les corridors écologiques montrent qu’il est possible de réaménager nos espaces résidentiels pour avoir un impact positif à grande échelle.
Semer une graine de plante indigène, c'est poser un geste concret pour la biodiversité et la résilience de nos écosystèmes. Que ce soit sur un balcon, dans une cour ou sur un terrain plus vaste, chaque espace peut devenir un havre pour la faune et la flore locales. En réintroduisant ces plantes dans nos milieux de vie, nous participons à un effort collectif essentiel pour contrer le déclin des espèces et renforcer la santé des écosystèmes.
Chaque geste compte, et ensemble, nous pouvons transformer nos paysages en de véritables refuges pour la nature. Rejoignez ce mouvement pour un avenir où nos espaces regorgent de vie, de diversité et de beauté. Une semence à la fois, changeons le visage de nos écosystèmes.
Pour aller plus loin…
- Découvrez notre catalogue pour vous inspirer de choix de plantes indigènes. Utilisez less filtres pour personnaliser vos choix en fonction des caractéristiques de votre site.
- Consultez le guide de plantation rédigé par la Fondation David Suzuki pour la campagne Partage ta pelouse.
- Explorez ce guide (en anglais) sur des plantes clé pouvant être cultivées à petite échelle ou en pots. Toutes sont disponibles dans notre catalogue.
- Apprenez à établir un pré fleuri sur votre pelouse pour maximiser son potentiel écologique.
- Inscrivez-vous gratuitement sur la Carte de biodiversité des Parcs nationaux domestiques (Homegrown National Park Biodiversity Map) pour rejoindre un réseau d’espaces convertis en habitats pour la biodiversité.é.
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Comme le dit l'entomologiste Doug Tallamy : « Vivre en harmonie avec la nature n’est pas seulement une option, c’est désormais une nécessité. »
Ne sous-estimez pas l’impact que chaque individu peut avoir. Collectivement, une semence à la fois, nous pouvons faire la différence !
Sources:
Deschênes, Fanny. (2022). La conservation de la biodiversité en terres privées au sud du Québec : Caractérisation des freins et leviers systémiques et recommandations pour une approche intégrée [Essai de maîtrise, Université de Sherbrooke]. Savoirs UdeS. https://savoirs.usherbrooke.ca/handle/11143/19241
National Wildlife Federation. (2023, April). Plant 50% to 70% native—Benefit more wildlife. Blog NWF. https://blog.nwf.org/2023/04/plant-50-to-70-native-benefit-more-wildlife/
Homegrown National Park. Tallamy, Doug. (n.d.). What’s the rush? [Conference]. https://homegrownnationalpark.org/whats-the-rush/