Qu’est-ce qu’une plante indigène?

Qu’est-ce qu’une plante indigène?

Une plante indigène est une espèce qui se retrouve naturellement dans une région géographique spécifique, sans intervention humaine. Ces plantes ont évolué pendant des milliers d'années pour prospérer dans leur environnement et se sont adaptées au climat, à la faune et au sol locaux. Les plantes indigènes sont une partie importante de l'écosystème et jouent un rôle crucial dans le maintien de l'équilibre de la nature.

Les plantes indigènes sont souvent considérées comme le fondement de la biodiversité dans un écosystème. Ils fournissent de la nourriture et un habitat à la faune indigène, comme les oiseaux, les insectes et les mammifères. Ils jouent également un rôle crucial dans le maintien du cycle de l'eau et le contrôle de l'érosion.

Les plantes introduites n’arrivent pas à la cheville des plantes indigènes pour ce qui est de remplir le rôle le plus critique que jouent les plantes dans la nature : les plantes introduites ne fournissent pas de nourriture pour la vie animale qui stabilise nos écosystèmes.

En captant l’énergie du soleil et la stockant par photosynthèse, les végétaux se retrouvent à la base de tous les réseaux trophiques (chaînes alimentaires) terrestres de la planète, et la majorité des réseaux aquatiques. Mais les animaux ne peuvent profiter de l’énergie captée par photosynthèse que s’ils peuvent manger les plantes, ou manger quelque chose qui a mangé les plantes auparavant. Et c’est là le hic : les insectes sont les animaux les mieux placés pour transférer l’énergie des plantes à d’autres animaux, mais malheureusement, la plupart les insectes sont très pointilleux sur les plantes qu’ils mangent. 

En effet, 90 % des insectes herbivores sont ce que l’on désigne comme des insectes spécialistes, c’est-à-dire qu’ils se limitent à manger une ou quelques lignées végétales. Et comme cette relation résulte de milliers d’années de coévolution, les insectes d’une biorégion n’auront de relations qu’avec des plantes qui y sont indigènes.

En utilisant des plantes introduites dans nos aménagements, ou lorsqu’une espèce exotique envahissante occupe un territoire, il se crée alors un vide écologique.

Un bon exemple est celui du phragmite, ou roseau commun exotique, espèce exotique envahissante ayant pris la place de plantes indigènes sur d’immenses surfaces du territoire en Amérique du Nord. Dans sa région d’origine en Europe, le phragmite nourrit plus de 170 espèces d’insectes. Mais après des centaines d’années à se répandre en Amérique du Nord, seulement 5 espèces d’insectes l’utilisent ici comme source de nourriture.

Bon, personne ici n’a envie de planter du phragmite dans sa cour, n’est-ce pas ? Mais encore aujourd’hui, la plupart des plantes qu’on retrouve en jardinerie sont des plantes introduites. Bien qu’elles n’aient pas toutes le potentiel de devenir envahissantes, ces plantes ne contribuent que peu ou pas du tout à nos écosystèmes. Alors, aussi bien utiliser l’espace que nous avons de disponible pour cultiver des plantes à la fois belles ET utiles.

Lophocampe maculé se nourrissant d'aulne rugeux

Lophocampe maculé se nourrissant d'aulne rugeux

 

Parmi les nombreux autres avantages des plantes indigènes, notons entre autres : 

  • Les plantes indigènes sont adaptées au climat et aux conditions du sol local, ce qui les rend plus résistantes aux maladies et aux ravageurs, et nécessitent moins d'eau et d'engrais.
  • Elles sont souvent plus faciles à entretenir que les plantes non indigènes.
  • Les jardins de plantes indigènes peuvent également contribuer à la préservation des espèces en danger.
  • Les plantes indigènes sont également souvent utilisées dans les efforts de conservation pour restaurer les habitats naturels et la biodiversité.
  • Enfin, les plantes indigènes offrent une belle esthétique naturelle à votre jardin.

Cependant, malgré leurs nombreux avantages, les plantes indigènes sont menacées par les activités humaines. La destruction de l'habitat, l'urbanisation et l'introduction d'espèces exotiques ont entraîné un déclin des populations de nombreuses plantes indigènes. Ce déclin peut avoir un effet en cascade sur l'écosystème, car la perte d'une espèce peut entraîner la perte de nombreuses autres espèces qui en dépendent pour leur alimentation ou leur habitat. 

Pour préserver les plantes indigènes, des efforts de conservation sont nécessaires.

Toutefois, l’approche de conservation traditionnelle qui prime encore aujourd’hui, celle que j’appelle la conservation par exclusion (parcs, réserves naturelles, zones d’exploitation contrôlée, etc.) a ses limites. Ces « zones d’exclusion » ont en effet souvent une superficie limitée, sont isolés les unes des autres, et ne représentent qu’une toute petite partie du territoire, surtout au sud du 49e parallèle.

Ces zones de conservation peuvent avoir d’énormes bénéfices, comme celui de servir de réserve de bagage génétique de la faune et la flore indigènes d’une région, mais plus d’initiatives seront nécessaires pour assurer la protection et la restauration des habitats naturels et le contrôle de la propagation des plantes exotiques. 

Comme le mentionne Fanny Deschênes son essai de maîtrise en environnement, « bien que le Québec ait atteint sa cible de 17 % de superficie de territoire terrestre protégé, celui-ci se situe presque entièrement au nord du 49e parallèle, alors que la majeure partie de la biodiversité se trouve au sud de la province, là où la tenure des terres est majoritairement privée ».

C’est la raison pour laquelle j’aime tant les écrits de Doug. W Thalamy, qui propose une approche centrée sur la promotion de l'utilisation des plantes indigènes dans l'aménagement paysager et le jardinage.

Ce n’est donc qu’en intervenant sur les terrains privés, que ce soit en région, en banlieue ou en ville, que nous pourrons collectivement avoir l’impact nécessaire pour renverser le déclin de la biodiversité.


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2 commentaires
  • Bonjour!
    Il existe de nombreuses ressources et livres sur les plantes sauvages et indigènes comestibles qui sauront répondre à vos questions. J’aime particulièrement le livre “Fôret, identifier, cueillir, cuisiner” de de Gérald Le Gal et Ariane Paré-Le Gal.

    Pour ce qui est de nos semences, vous pouvez consulter la section “comestibles” pour voir les plantes qui le sont dans notre catalogue. Lorsque des contre-indications spécifiques existent, nous le mentionnons dans la description de la plante. Mais pour en savoir plus sur les parties comestibles et les façons de les cuisiner, je vous réfère toutefois au livre mentionné plus haut ou à d’autres ouvrages sur les plantes sauvages du Québec.

    Merci!

    Akène, culture forestière le
  • Bonjour,
    Mon intérêt est surtout la comestabilité des plantes indigènes. Par exemple, le taux d’Oxalates (ex: Oxalydes), de Lectines ou autres Anti-nutriments qui peuvent s’y trouver en trop grande quantité. J’ai déjà subi un sérieux inconfort après avoir consommé une simple tisane de plantes indégènes, j’imagine mal de me retrouver à l’hôpital pour pire ! Donc, y-a-t-il des études, des données sur ce sujet ?
    Merci

    Roger Sarrasin le

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